Traversée

Entrevues itinérantes avec Hélène Petite, photographe ; Véronique Danneels, historienne de l’art et Muriel Verhaegen pour les éditions CFC.

« Chaque fois que je quitte un lieu que j’aime, j’ai l’impression d’y laisser une part de moi. Que nous choisissions de voyager autant que Marco Polo ou que nous restions au même endroit du berceau à la tombe, je suppose que la vie n’est qu’une succession de naissances et de morts. Les moments naissent et d’autres meurent. Pour qu’une nouvelle expérience voie le jour, il faut que de plus anciennes s’estompent, vous ne croyez pas ? »
(Elif Shafak, Soufi mon amour)

Traversée, où ni le dispositif visuel ni les conversations ne tiennent compte d'une logique temporelle ou même thématique, couvre les dix années du travail de la photographe Hélène Petite. 

Une information de taille tient lieu de préambule.  En 2011, lorsque la jeune artiste réside durant une année à Bergen en Norvège pour y étudier, lors d'un vol, tout lui est dérobé : son travail, ses photographies, la quasi totalité de ses négatifs, son ordinateur et ses disques durs. Durant les sept années qui suivent, elle s’écarte radicalement d'une pratique de la photographique "classique" excepté un travail alimentaire comme portraitise ou des images souvenirs prises lors de ses déplacements. Elle vit une forme de dérive prolongée vis à vis de la photographie qui s’explique par une (re)découverte : celle d'une boîte achetée deux ans plus tôt. Celle-ci  est remplie de photographies d’une famille inconnue prises au milieu du vingtième siècle. La distanciation affective et temporelle liée à cette archive visuelle inaugure plusieurs cycles de recherche et de productions qui vont désormais caractériser sa démarche. Depuis 2017, elle a réorienté l’objectif de son appareil photographique sur le monde en devenir.